Tissu traditionnel du Mali, mais également très utilisé dans toute l’Afrique de l’Ouest, y compris le Sénégal où je vis maintenant, le BOGOLAN tire son nom des termes maliens « bogo » => boue/terre, et « lan » => fait avec.
La technique de teinture réalisée sur un tissu obligatoirement en coton est ancestrale et non datée, mais la légende veut que la découverte du procédé fut accidentelle : une femme ayant taché son pagne teint avec de la boue a essayé, en vain, de le nettoyer ; la boue avait marqué d'une manière indélébile son tissu, restait à reproduire cette réaction chimique.
A l'origine, le bogolan avait une signification particulière en fonction des motifs représentés et des couleurs utilisées avec des codifications précises : ainsi tel motif est utilisé pour le pagne de l'épouse, tel autre pour la jeune fille, pour le néo-circoncis, pour le chasseur, pour le mariage … etc ...
A noter que l’antibiotique naturel contenu dans les feuilles de « galama » (utilisées pour la teinture) explique que les tissus bogolans sont traditionnellement portés par les jeunes circoncis !!!
Plusieurs ethnies perpétuent encore la technique du bogolan traditionnel : les Dogons, Les Senoufos, les Malinkés et les Bambaras.
Après le ramassage du coton, celui-ci doit être filé à l'aide d'un fuseau.
Puis vient le tissage réalisé sur un métier essentiellement par les hommes. Ils fabriquent des bandes de prés de 30 mètres de longueur sur une largeur d’à peine 10 à 12 centimètres ; ces bandes de coton seront ensuite cousues entre elles afin d'obtenir un « pagne » (tissu en grande largeur) prêt à être employé pour la fabrication de vêtements ou autres.
Les teintures traditionnelles du Bogolan sont essentiellement naturelles (noir, marron, blanc) mais certaines couleurs n'existant pas à l'état naturel, comme le bleu ou le vert, sont chimiques, ce qui permet une plus grande diversité et des modèles encore plus riches et plus variés de Bogolans.
Le principe du Bogolan est une succession, à partir du coton blanc, de trempages, de rinçages et de séchages au soleil, ce qui prend plusieurs jours et lui donne toute sa valeur.
Sur le tissu préalablement teinté, l'artiste applique alors les dessins : motifs de la vie rurale ou urbaine africaine, de la nature, ainsi que les innombrables idéogrammes et formes géométriques. Ces scènes de la vie quotidienne africaine, ces idéogrammes sont réalisés le plus souvent à main levée avec des bâtonnets, des plumes, des spatules, des brosses, etc ...
L'artiste applique alors de la boue provenant du Niger et fermentée dans une jarre, puis un lavage permet d'enlever l'excédent de boue et le séchage au soleil fixe les couleurs par réaction. L'intensité des couleurs est obtenue par la répétition des opérations, application de la boue, lavage et de nouveau séchage jusqu'à l'obtention de la couleur et du motif désirés.
Le vrai bogolan ne déteint pas et résiste très bien au lavage, mais perd un tout petit peu de son éclat à chaque fois.
De nos jours, le bogolan est utilisé dans les pays occidentaux comme tissu essentiellement décoratif, et bien évidemment, au moins l’un de mes lits, si ce n'est tous, dans ma future maison, sera orné d’un magnifique Bogolan, l’embarras du choix sera alors mon problème !
Car à chaque fois que j’en vois un, je le trouve plus beau que le précédent, et je pense systématiquement aux fabuleux artistes et aux nombres d’heures qu’il leur a fallu pour les réaliser.
Voilà, vous savez tout - ou à peu près ! - sur ce magnifique tissu qu'est le BOGOLAN, un vrai plaisir de l'oeil encore accessible !
A bientôt, cher(e)s ami(e)s pour vous parler encore de plein de choses, d'ici, d'Afrique où je vis maintenant.
Amicalement.
Sosso